"Les colonies franҫaises et la Grande Guerre"
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Documents
Les colonies françaises et la Grande Guerre
- En quoi la Première Guerre mondiale a-t-elle fait évoluer les relations entre la France et son Empire ?
Durant la Première Guerre mondiale, l'Empire français offre un contingent de plus de 600 000 hommes à la « mère-patrie ». L'effort des colonies consiste aussi à fournir de la main-d'œuvre et des matières premières. Si les événements engendrent chez les colonisés une certaine solidarité avec la métropole, la guerre nourrit aussi des aspirations à plus de dignité et d'égalité. Dans le même temps, les contacts entre les troupes coloniales, les autres mobilisés et les civils font évoluer certains préjugés.
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[Black and white poster: A galloping rider who waves a flag wearing a robe which flutters in the wind. On the sides are two high palm trees and along the bottom cacti]
[Text in the picture] CE QUE NOUS DEVONS à nos COLONIES
Avant la guerre, tout le monde ne comprenait pas la nécessité pour la France de colonies ou de terres de protectorat.
Nous savons tous maintenant ce que nous devons aux milliers de volontaires indigènes qui ont combattu pour la France bien-aimée avec autant de courage que les Français eux-mêmes, ou qui ont rendu à l’arrière les plus précieux services.
Nous savons tous en quelles prodigieuses quantités nos possessions d’Afrique, d’Asie, d’Amérique, d’Océanie nous ont envoyé leurs productions: sans elles, notre ravitaillement eut été beaucoup plus difficile.
Dans l’effort commun grandira encore l’affection commune.
[Caption] 1 « Ce que nous devons à nos colonies »
Affiche de Victor Prouvé, 1918.
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[Postcard: black and white photograph of an Asian in work cloths, standing in front of a workbench.]
[Text in the picture] Tho Kháeh tieén trái phá (Lyon)
[Text in asiatischen Schriftzeichen]
[Caption] 2 Travailleur indochinois affecté à une usine d'armement à Lyon
Carte postale, vers 1917.
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[Caption] 3 Le « sauvage » et le « bon tirailleur »
[Title in the picture] a. Les préjugées à l'encontre des soldats sénégalais
Dessin extrait de Bécassine de J. Pinchon, 1919.
[Black and white caricature: A man with dark skin, wearing pantaloons, boots and a hat on his head, stands in front of a woman wearing a dress with apron and bonnet. His body is bent, he is holding his stomach and his finger is pointing to his open mouth. She falls backwards slightly, leaning on a table from which a bottle is falling down. She looks at him. In the background, we can observe men watching the scene.]
[Text in the picture] « On est entré dans le réfectoire, où j'avais préparé son couvert. Et voilà tout d’un coup qu'il crie : Boubouf, en roulant des yeux, en faisant·claquer sa mâchoire, et avec un air si'féroce ! ... Les·autres paraissaient terrifiés ; ils me disent : « Il demande à manger ; servez-le vite ; il a sa crise ....
[Caption] 4 Entre deux sentiments
[Textual source]
a. De l'espoir ...
B laise Diagne apparut (...). À Dakar comme ailleurs, ce grand ténor nègre du Parlement parla français. On l'écouta religieusement. Ses accents vibrants réveillèrent les cœurs et enflammèrent les courages. Il sût faire appel au sens de l'honneur des Africains, en leur démontrant que la France, assaillie jusqu'en son cœur par des barbares, avait besoin d'eux – mot magique, et prononce par l'un des leurs, que même les Blancs honoraient! On parla aussi d'octroi de la citoyenneté française. Il n'en fallait pas plus. Des masses de jeunes se libérèrent de tout pour s'engager sous les drapeaux. L'objectif pour lequel le député sénégalais avait été investi de cette mission était en bonne voie de réalisation : promouvoir un intense recrutement, tout en évitant les troubles et les révoltes antérieurs. (...)
b. ... à la déception
Quand ces tirailleurs rentrèrent au pays, ils racontèrent, au fil des veillées, tout ce qu'ils avaient vu. Non, l'homme blanc n'était pas un surhomme bénéficiant d'on ne savait qu'elle protection divine ou diabolique, c'était un homme comme eux, avec le même partage de qualités et de défauts, de force et de faiblesse. Et quand ils découvrirent que leurs médailles et leur titre d'ancien combattant leur valaient une pension inférieure de moitié à celle des camarades blancs dont ils avaient partage les combats et les souffrances, certains d'entre eux osèrent revendiquer et parler d'égalité. C'est là, en 1919, que commença à souffler pour la première fois un esprit d'émancipation et de revendication qui devait finir, avec le temps, par se développer dans d'autres couches de la population.
Amadou Hampâté Bâ1, Amkoullel, l'enfant peul, Actes Sud, Paris, 2001.
1. Amadou Hampâté Bâ (1900-1991), écrivain né au Mali.
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[Postcard: Black and white photograph of a smiling African soldier in a French uniform, who holds a Pickelhaube in his right hand beside his breast and another in his left hand on top of his headgear.
[Text in the picture] Gloire à la plus grande France
93A7 J.K.
[Caption] b. « Gloire a la plus grande France »
Carte postale, vers 1915.
[Questions] Questions
Analyse des documents
Docs 1 et 2 1. Quelles formes revêt la participation des colonies au conflit ? 2. Quel est le but du document 1 ?
Doc 3 3. En quoi la Première Guerre mondiale modifie-t-elle partiellement le regard porté sur les populations colonisées ?
Doc 4 4. Comment expliquer la réussite du recrutement effectué par Blaise Diagne au Sénégal en 1917 ? La mobilisation des troupes coloniales a-t-elle toujours été aussi facile? 5. Quels sont d'après Hampâté Bâ les effets de la guerre sur la population africaine ?
[Tasks]
Réponse organisée au sujet
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